Révolte des statues
La révolte ou émeute « des statues » se produisit à Antioche début ou fin février 387, avant la célébration de Pâques. De tous les soulèvements populaires – fréquents dans les grandes villes au IVe siècle – c’est le mieux documenté ; nous disposons en effet des témoignages fournis de Libanios et de Jean Chrysostome : Libanios a consacré cinq discours à l’émeute et à ses conséquences (Or. XIX à XXIII) et il en fait mention aussi dans Or. XXXIV, 6 ; Jean Chysostome en a fait le sujet de 21 homélies (couramment dénommées De Statuis). Le déroulement de l’émeute est donc bien établi même s’il reste délicat d’en reconstituer précisément la chronologie. Le seul point qui n’a pu être éclairci à ce jour est la nature de l’impôt qui, réclamé aux Antiochéens, provoqua ce mouvement de révolte.
C’est en effet à l’annonce de la création d’une nouvelle taxe que la population, curiales en tête, se souleva, mit le feu à la maison d’un magistrat et s’en prit aux statues de l’empereur et de sa famille, sans doute érigées sous le portique du palais du gouverneur. Les statues furent renversées, traînées dans les rues de la ville et des insultes furent proférées contre Théodose. Celui-ci, informé des événements, prononça des sanctions provisoires : fermeture des lieux de distraction et perte pour la cité de son statut de métropole de l’Orient et de capitale de la province de Syrie. Un civil – le magister officiorum Kaisarios – et un militaire – Ellébichos – furent envoyés à Antioche pour mener une enquête et déterminer les responsabilités. Beaucoup d’Antiochéens, par peur de représailles, quittèrent la ville et se réfugièrent à la campagne : le comes Orientis, Kelsos, avait déjà fait procéder à de nombreuses arrestations et exécutions. Finalement, Théodose accorda son pardon à la ville ; elle retrouva son statut antérieur et ses lieux de loisir. En 388, une ambassade fut envoyée à l’empereur pour le remercier de sa clémence.
Bibliographie
Petit 1955, p. 238-241 ; Downey 1961, p. 426-433 ; Van de Paverd 1991 ; Malosse 2007 ; Watts 2015 (sur les versions divergentes et complémentaires que donnent de l'événement Chrysostome et Libanios).