Lettre 847

From LibHuma
Jump to navigation Jump to search
Année 388

(Dossier Proclos)

Lettre de recommandation pour l’avocat Diognètos[1]. On ignore l'objet précis de la demande. En 388, Diognètos rejoint Constantinople et remet une série de lettres (ep. 857 à 860) à d’importants personnages, ici le préfet de la Ville, Proclos.

Πρόκλῳ
 
à Proclos
1. Εἰ τοῖς ἐπαινοῦσι δεῖ νομίζειν ὀφείλειν τοὺς ἐπαινουμένους χάριτας, ἴσθι χάριτας ὀφείλων Διογνήτῳ τουτῳί· ὡς οὐκ ἔσθ’ ὅτε σε οὐκ ἐπῄνεσεν· ἐν θεάτρῳ μὲν οὖν κατὰ τοὺς γενναίους σοφιστὰς καὶ οὓς αἱ Μοῦσαι κινοῦσιν, ἐν δὲ τῷ τῆς Ἀθηνᾶς ἱερῷ καὶ τοῖς αὐτόθι συγκαθημένοις, ὧν τοὺς πολλοὺς αἱ δίκαι ποθοῦσιν. 2. ἔστι δὲ αὐτῷ τῶν τοιούτων λόγων χωρίον καὶ τὸ βουλευτήριον εἰσιόντι τε ὡς ἐμὲ καὶ παρακαθημένῳ, καὶ πρὸς οὓς δὲ τῶν γνωριμωτέρων ἔρχεται, μετὰ τοιούτων λόγων εἰσέρχεται τάς τε ἀρχὰς ἀπαριθμῶν καὶ ὅσα καθ’ ἑκάστην ἀγαθὰ γένοιτο ταῖς πόλεσι. 3. καί ποτε τὸ τοῦ Ὁμήρου λαβὼν τὸ εἰς τὸν Μενεσθέα τὸν Ἀθηναῖον εἰρημένον περὶ τῆς σῆς ᾖσε τέχνης, ᾗ σὺ χρώμενος μεγάλας ὁλκάδας διασώζεις. 4. ἀποδοτέον δή σοι τὰ ὀφειλόμενα καὶ τὰ δίκαια πρὸς Διόγνητον ποιητέον. εἰ δὲ ἔργα ἀντὶ λόγων ἀποδώσεις, εἰκότως ἂν ἀγάλλοιο παρὰ τῶν θεῶν ἔχων τὸ ἐν οἷς ἀντευποιεῖς οὕτω νικᾶν.   1. S’il faut considérer que ceux qui sont loués doivent des marques de reconnaissance[2] à ceux qui les louent, sache que tu dois des marques de reconnaissance à Diognètos que voici ; car il n’est pas d’occasion où il ne t’ait loué : au théâtre[3], à la manière des nobles sophistes et de ceux que les Muses inspirent, au sanctuaire d’Athéna et devant ceux qui y siègent et dont les procès attirent des foules[4]. 2. Il dispose aussi comme cadre pour de tels discours du bouleuterion[5] où il vient me trouver et s’assied à mes côtés ; il vient aussi y voir ceux qui font partie des notables, il arrive avec de tels discours, en énumérant tes commandements et tous les bienfaits qu’ont reçus les cités lors de chacun d’eux. 3. Et, un jour, ayant fait sien le mot d’Homère, prononcé à l’égard de l’Athénien Ménesthée[6], il le chanta au sujet de l’habileté que tu mets en œuvre pour conduire à bon port de grands navires de transport[7]. 4. Il te faut rendre ce que tu dois et faire ce qui est juste envers Diognètos. Si tu rends des actes en échange de discours, tu seras en droit de te glorifier de tenir des dieux la victoire sur ceux qu’à ton tour tu obliges ainsi.
  1. Diognètos a une formation littéraire et il est présenté ici comme un admirateur de Proclos. On ne sait que peu de choses du personnage : PLRE I, p. 93 ; Pellizzari 2017, p. 17.
  2. L'emploi du pluriel χάριτες renvoie aux manifestations de la reconnaissance.
  3. Le terme est ici générique et fait allusion à tous les types de lieux où les sophistes prononcent leurs discours en public : théâtres, auditoria, autant d'espaces, souvent en hémicycle, qui pouvaient accueillir jusqu'à plusieurs milliers de personnes : voir Majcherek 2007.
  4. Le sanctuaire d'Athéna était situé, à Antioche, en face du bain de Commode, devenu prétoire du gouverneur de Syrie à la fin du IVe s. Peut-être le sanctuaire - désaffecté ou non - fonctionnait-il comme une annexe du prétoire et servait-il de tribunal, d'où l'allusion aux procès qui s'y déroulent : voir Saliou 2015a, p. 50-51.
  5. La salle du conseil (curie) est également un lieu de prise de parole. On retrouve ici le triptyque de l'éloquence, évoqué métonymiquement par les lieux : l'éloquence d'apparat dans les lieux de spectacle, l'éloquence judiciaire au sanctuaire d'Athéna et l'éloquence politique dans la curie.
  6. Homère, Iliade, II, 552.
  7. Le préfet de la Ville a en charge l'approvisionnement de la capitale, d'où les gros navires de transport. Le blé d'Égypte alimente désormais Constantinople.