Lettre 845

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Année 388


Mardonios[1] a aidé Libanios à échapper à des accusations le dénonçant comme un partisan de Maxime, l'« usurpateur ». La lettre est donc une profession de foi de fidélité et de dévouement pour Théodose et ses fils.

Μαρδονίῳ
 
à Mardonios
1. Οὐ θαυμαστὸν εἰ φιλῶν τε σὲ καὶ φιλούμενος ὑπὸ σοῦ βοηθείας ἔτυχον. εἰ γὰρ δὴ τῶν ἐχθρῶν τὸ ἀλλήλοις ἐπιτίθεσθαι, τῆς φιλίας ὁ νόμος τὰς συμμαχίας ἔχει. 2. καί σε τὴν χάριν ταύτην οὐκ ᾔτουν ἐν ἐπιστολαῖς εἰδὼς ὅτι μοι τοῦτο ἔσται παρὰ σοῦ. ὥσπερ οὖν ἵπποις, ἐν οἷς ἐπιθυμία δρόμου, τὸ κινῆσον οὐ προσάγομεν, οὕτως οὐδὲν ᾤμην δεῖν δεῖσθαι μεθ’ ἡμῶν εἶναι τοῦ πάντως ἐσομένου. 3. χαίρω μὲν οὖν οὐ δόξας ὑμῖν ἀδικεῖν, χαίρω δὲ πολὺ πλέον τῷ δικαίως δόξαι. τῷ γὰρ δὴ τοιούτῳ συμβαίνει καὶ τὸ χαίρειν καθαρῶς. ὁ δ’ ἣν ὤφειλε δίκην οὐ δοὺς τὸ μὴ δοῦναι μὲν ἔσχε, τὸ δ’ οὐκ εἶναι δίκης ἄξιος οὐκ ἔχει. 4. τὰς δ’ ἐμὰς εὐχὰς <τὰς> ὑπὲρ τοῦ βασιλέως οἴκοι πάντες μὲν ἴσασιν οἱ συνόντες ἡμῖν ἄνθρωποι, πάντες δὲ οἱ θεοί, καὶ ὡς ταύτῃ γε ἐπὶ τὸν τύραννον συνεστράτευον αὐτῷ. καὶ ταῦτα εὐχόμην ἐγὼ χρηστὸς ὢν βασιλεῖ πολλοῖς τε ἄλλοις τετιμημένος καὶ μεγίστῳ δὴ τῷ περὶ τὸν παῖδα. 5. ὧν οὔτ’ ἂν ἐπελαθόμην μεμνημένον τε πᾶσα ἀνάγκη περὶ πλείστου ποιεῖσθαι παρ’ ὅτου ταῦτα καὶ βούλεσθαι μὲν αὐτῷ πεπηγέναι τὴν βασιλείαν, βούλεσθαι δὲ τοὺς υἱεῖς εἰς ἀκμὴν ἐλθόντας πάνυ γέροντος παραλαβεῖν τοὺς θρόνους, μᾶλλον δ’ ὁ μὲν ἤδη κοινωνός, ὁ δὲ αὐτίκα ἔσται. 6. ἐμοὶ δὲ ἄλλως μὲν οὐχ ἥδιον διὰ τὸ νοσεῖν τὸ ζῆν, βουλοίμην δ’ ἂν μέχρι τῆς ἡμέρας ἐκείνης, ἥ μοι δείξει τὸν πατέρα μετὰ τῶν Διοσκόρων.   1. Puisque je t’aime et que je suis aimé de toi, il n’est pas étonnant que j’aie obtenu ton aide. En effet, si s’opposer les uns aux autres est le propre des ennemis, la loi de l’amitié suppose de combattre ensemble. 2. Et cette faveur je ne l’ai pas demandée par lettres, sachant que cela viendrait de toi. On ne pousse pas au mouvement[2] des chevaux qui ont envie de courir ; de même, je pensais tout à fait inutile de prier d’être à nos côtés celui qui le serait de toutes façons. 3. Je me réjouis donc de ne pas vous avoir paru aller contre le droit et je me réjouis encore plus de l’avoir paru à bon droit. C’est en effet à un tel homme qu’il est donné de se réjouir sans mélange. Celui qui n’a pas subi le châtiment qu’il encourait a obtenu de ne pas le subir ; il n’obtient pas pour autant de ne pas mériter son châtiment. 4. Les vœux que je forme pour l’empereur, dans notre cité, tous les membres de notre entourage les connaissent, et tous les dieux ; ils savent aussi que j’y ai combattu avec lui contre le tyran[3]. Et ces vœux, moi je les formais plein de loyauté envers l’empereur : j’avais été honoré par nombre de faveurs, la plus importante concernant mon fils[4]. 5. Ces faveurs, je n’aurais pas pu les oublier et il y a toute nécessité pour que leur souvenir me fasse tenir en la plus haute estime celui à qui je les dois, que je souhaite pour lui un empire consolidé et pour ses fils de recevoir leurs trônes alors qu’ils seront au sommet de leur âge et lui, très vieux ; ou devrais-je dire, l’un est déjà associé, l’autre le sera bientôt[5]. 6. Même si, par ailleurs, la vie ne m’est pas vraiment agréable à cause de ma maladie, je voudrais vivre jusqu’à ce jour qui me montrera le père avec les Dioscures[6].
  1. Praepositus sacri cubiculi d’Arcadius en 388. Assure la « régence » alors que Théodose est en Italie. Trois lettres sont adressées à Mardonios, ep. 845, ep. 853 et ep. 908, la même année, pour la même affaire : l'ambassade de 388.
  2. τὸ κινῆσον est un participe neutre substantivé. Sur cet emploi chez Libanios, voir Schouler 1984 p. 323.
  3. Tyran au sens d’usurpateur. Allusion à Maxime vaincu en Italie, près d’Aquilée.
  4. L’empereur a en effet autorisé Libanios à léguer ses biens à son fils Cimon, né d’une femme non-libre. Cf. ep. 844.
  5. Arcadius est Auguste depuis 383 ; Honorius le sera en 393. Arcadius, fils aîné de Théodose Ier et d'Aelia Flacilla, est associé à l'Empire à l'âge de 6 ans.
  6. La comparaison des fils de l’empereur avec les Dioscures est un topos ; on la trouve aussi chez Claudien : in Gildonem 215-222 ; IV cons. Hon. 206-207 et Carm. Min. 30, 107.