Lettre 842
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Année 388
Des calomnies maintenant dissipées ont séparé les deux « amis », puisque Libanios parle de la philia qui l'unit à Théodoros, qui détient un poste à la cour. Par cette lettre, Libanios se justifie de son silence. La précaution de la formule qui évoque les dieux, « comme disent les poètes », suggère que le correspondant est vraisemblablement chrétien.
Θεοδώρῳ
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à Théodoros
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1. Νενίκηκας γράψας οὐ γεγραφότι. τουτὶ δὲ ἦν μὲν ἂν καὶ μικρᾶς ἡμῖν ἐλθούσης ἐπιστολῆς· νῦν δ’ αὕτη καὶ μακρὰ καὶ καλὴ καὶ τὸ ἐν βίβλοις σε βεβιωκέναι μηνύουσα. 2. τῆς δ’ ἡμετέρας σιωπῆς τὴν ἀπολογίαν ἄκουε. εἰ μὲν οὐδεὶς ὑπ’οὐδενὸς οὐδεπώποτε ἠπατήθη, λόγος οὐδείς ἐστί μοι μόνῳ τοῦτο παθόντι· εἰ δ’ ἐξ ὅτουπερ εἰσὶν ἄνθρωποι, καὶ τὸ ἀπατᾶσθαι, καὶ τοῦτο πολλάκις μὲν ἦλθεν εἰς δήμους, πολλάκις δὲ εἰς βουλάς, εἰς πολλὰ δὲ δικαστήρια, ἧπται δὲ ἤδη καὶ θεῶν, ὡς οἱ ποιηταί φασιν, ἔνι τις καὶ ἡμῖν καταφυγή. 3. ἐμοὶ γὰρ δὴ καὶ σοὶ φιλία μὲν ἦν, καὶ ἑώρας σὺ μὲν ἡδέως ἐμέ, σὲ δὲ ἐγώ, καὶ τοῖς ἀλλήλων ἀγαθοῖς ἡδόμεθα· σοῦ δὲ ἀκολουθήσαντος βασιλεῖ καὶ πολλῆς γῆς ἐμοῦ τε καὶ σοῦ γενομένης ἐν μέσῳ παρ’ ὑμῶν τις ὡς ἡμᾶς ἐλθὼν πολλοῖς καὶ πολλὴν λοιδορίαν ἔχουσι λόγοις ἔλεγέ σε χρῆσθαι κατ’ ἐμοῦ καθ’ ἑκάστην ἡμέραν, ἀπιστοῦντος δὲ πάντας ὤμνυε θεοὺς ἦ μὴν ταῦθ’ οὕτως ἔχειν. ὡς δὲ πολὺ τοῦτο ἦν, ἦν δὲ ἁνὴρ οὐ τῶν ἀδοξοτέρων, ᾠήθην εἶναι βέλτιον μὴ γράφειν μηδ’ ἐνοχλεῖν. 4. καὶ ὡς μὲν ἐψεύδετο δεδήλωται, τοῦ γὰρ ἐκεῖνα ποιοῦντος οὐκ ἦν τὸ ἐπιστεῖλαι· σὺ δ’ εἰδὼς τὸν Σόλωνα καὶ νῦν ὃν ἀνθ’ ἡμῶν αἰτιᾶσθαι δίκαιον, οὐκ ἀγνοεῖς. ὑμετέροις αὐτῶν τὰ τῶν ἄλλων εἰς ταύτην. | 1. Tu as gagné en écrivant à qui n’a pas écrit ; cela aurait été le cas même si une lettre courte nous était parvenue ; mais, à la vérité, celle-ci est longue et belle et révèle que tu as passé ta vie dans les livres. 2. Écoute la justification de notre silence. Si personne n’a jamais été trompé par personne, il n’y a aucune raison pour que je sois le seul à en pâtir ; mais si, depuis qu’il y a des hommes, il y aussi de la tromperie et si elle a souvent atteint les gens du peuple[1], souvent les conseils, et nombre de tribunaux, si elle est même allée jusqu’à toucher les dieux, comme le disent les poètes, alors nous aussi nous disposons d’une excuse. 3. De fait, nous étions amis toi et moi : tu avais plaisir à me voir, et moi à te voir et nous nous réjouissions de nos bonheurs respectifs. Mais alors que tu avais accompagné l’empereur et que nous étions séparés par une grande étendue de terre, quelqu’un de chez vous est venu chez nous ; il disait que tous les jours tu tenais contre nous bien des propos nous faisant grande injure et comme je ne le croyais pas, il jurait par tous les dieux qu’il en était vraiment ainsi. Or, comme cela était grave et que l’homme n’était pas des moins renommés, j’ai pensé qu’il valait mieux ne pas écrire ni importuner. 4. Il apparaît clair qu’il mentait, car celui qui se serait comporté ainsi n’aurait pas envoyé de lettre. Toi qui connais Solon[2], désormais tu n’ignores pas qui il est juste d’accuser à notre place. |
- ↑ Ici désigne le peuple (au sens de catégorie sociale) par opposition aux membres de la curie, qui appartiennent à la catégorie des honestiores.
- ↑ Les références à Solon, homme d'État, législateur et poète athénien (VIIe-VIe siècles av. J-C) sont nombreuses dans l'œuvre de Libanios, mais elles ne révèlent pas une connaissance approfondie du personnage. Ici, Solon est simplement cité comme un modèle d'homme juste à suivre. Voir Schouler 1984, p. 613-614.