Lettre 841
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Lettre de recommandation pour un personnage inconnu qui a longtemps été familier de Libanios (dans sa classe ou à son service ?) et qui espère un poste de fonctionnaire. La lettre 849 réitère la demande.
Ἀντιόχῳ
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à Antiochos[1]
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1. Δέχου δὴ τὸν ἄνδρα τόνδε καὶ ποίει στρατιώτην ὄντα μὲν προνοίας ἄξιον διὰ τὸν τρόπον, προσδοκήσαντα δὲ τοῦτο ἕξειν δι’ ἐμοῦ, σχεῖν δὲ οὐ δυνηθέντα, τὸ δὲ τῶν ἀχθομένων οὐ πεποιηκότα ῥῆμα οὐδὲν ἀφέντα κατ’ οὐδενὸς δυσχερές. 2. καίτοι μακρὸς ἀνήλωται χρόνος αὐτῷ βλέποντί τε εἰς ἐμὲ καὶ παρεστηκότι, τὸ δ’ ἐμὸν ἦν τοσοῦτον, ὅσον συναχθεσθῆναι. ἐπεὶ δὲ οἱ θεοὶ καλῶς ποιοῦντες ἔδοσαν ἡμῖν τὸ σοὶ δοῦναι δύναμιν, χρώμεθά τε τοῖς παρ’ ἐκείνων καὶ πέμπομεν πράξοντά τι τὸν τὸ μηδὲν ποιεῖν ἐνεγκόντα γενναίως. 3. σὺ δὲ ὢν Ἀντίοχος τοῦτόν τε ἡδέως ὄψει καὶ τὰ ἡμέτερα γράμματα καὶ γράψεις πρὸς ἡμᾶς ὡς οὐ τηνάλλως ἐγράψαμεν. τὴν δ’ ἐν τοῖς τοιούτοις ἀναγκαίαν δαπάνην οἶδέ τε καλῶς καὶ οὐ φεύγει. | 1. Reçois l’homme que voici[2] et fais-en un « soldat[3] », lui qui, par son caractère, est digne de ta prévoyance[4] et qui s’attendait à obtenir cela grâce à moi, mais n’a pas pu l’obtenir ; or, il n’a pas agi à la manière de ceux qui s’affligent puisqu’il n’a prononcé aucune parole désagréable envers quiconque. 2. Pourtant il s’est écoulé une longue période de temps où il s’en est remis à moi[5] et s’est tenu à mes côtés ; mais mon action s’est limitée à m’affliger avec lui. Puisque les dieux qui agissent bien nous ont donné de te donner de la puissance, nous tirons parti de ce qui vient d’eux[6], et nous t’envoyons, pour qu’il accomplisse quelque chose[7], celui qui a noblement supporté de ne rien faire. 3. Toi qui es Antiochos, tu auras plaisir à les voir lui et ma lettre, et tu nous écriras que nous n’avons pas écrit en vain. La dépense nécessaire dans de telles entreprises[8] , il la connaît bien et il ne la fuit pas. |
- ↑ Personnage important et influent à la cour de Constantinople, peut-être dans les services du magister officiorum. Il aurait obtenu son poste grâce à Libanios. Voir ep. 849 sur le résultat de cette requête.
- ↑ Personnage inconnu qui est le porteur de la lettre.
- ↑ Membre de l’administration, qui est considérée comme une militia, service soit militaire soit civil ; il s'agit sans doute d'un poste d'agens in rebus. Libanios emploie souvent le terme de στρατιώτης pour désigner les fonctionnaires, en particulier les agentes in rebus, ce qui est une manière de souligner leur rôle militaire (Delmaire 1995, p. 98) : cf. ep. 1524 à propos de Gessios.
- ↑ Faculté et action de prévoir : c'est la capacité de prévoir propre au gouvernant, donc celle de procéder aux bons recrutements.
- ↑ Le verbe grec est βλέπειν εἰς (+ acc. de personne),« avoir les yeux sur », que l'on traduit ici par « s'en remettre à » (« to rely on » dans Liddell-Scott). Voir aussi Lib., Or. XXXIV, 13.
- ↑ De leurs dons, en l’occurrence de la puissance qu’ils t’ont donnée.
- ↑ Qu’il obtienne un poste et ait donc une activité.
- ↑ Il est ici fait allusion aux moyens employés pour obtenir un poste ou une promotion : le suffragium qui consiste à monnayer (d'où le terme dépense) les services de personnages haut placés qui se font fort d'obtenir le poste espéré. Cette forme de pratique qui s'apparentait à de la corruption était plus ou moins admise par l'empereur, dont la législation rappelait cependant l'importance du mérite et du travail : CTh I, 9, 1 (Constance II) ou CTh VI, 27, 4 ; Veyne 1981 ; Delmaire 1995, p. 21, 23, 54 (où il emploie le mot "bakchich"), 101 ; Marcone 2006.