Biographie de Libanios
314-393.
Né en 314 à Antioche, il meurt vraisemblablement en 393, date des dernières lettres conservées. Il appartient à une famille curiale, honorablement connue, mais appauvrie. Il perd son père alors qu’il n’a que onze ans et son oncle maternel, Phasganios, incarne alors la figure paternelle. Libanios et ses deux frères sont élevés par leur mère et leurs oncles, devenus tuteurs. Libanios a à peine quinze ans quand il est saisi « d’un amour violent pour les études de rhétorique » (Or. I, 5). Sa formation commence à Antioche, où il suit les cours du maître de rhétorique Ulpianos d’Ascalon. Puis il part étudier à Athènes grâce à l’appui de Phasganios. Il voyage ensuite en compagnie de Crispinos d’Héraclée et mène peut-être la vie de sophiste itinérant, visitant la Grèce, l’Asie puis Constantinople. Il s’installe dans cette dernière, en 340 ou 341, comme professeur libre et vit des rémunérations de ses élèves. Ses succès attirent l’attention du pouvoir impérial et il obtient une nomination comme sophiste officiel, peut-être à titre de surnuméraire. Mais des intrigues et rivalités professionnelles contraignent le rhéteur à quitter la capitale. Après un séjour à Nicée, il obtient une chaire officielle à Nicomédie et passe cinq belles années dans cette cité où il se lie d’amitié avec Aristénète (344-349). Il fréquente également Basile qui y enseigne. La grande réputation du rhéteur lui vaut d’être rappelé à Constantinople où il reçoit un poste de sophiste officiel : s’ouvrent alors quatre années traversées de difficultés et émaillées de déceptions. En 353, le proconsul Stratégios Mousonianos cherche à lui faire obtenir un poste de sophiste à Athènes, mais Libanios en refuse l’honneur et aspire à rentrer à Antioche. Après bien des difficultés et grâce à des soutiens (Datianos), il obtient son exeat en 354. Son retour dans sa patrie devait être suivi de son mariage avec sa cousine, fille de Phasganios, mais la jeune fille meurt prématurément. Son installation suscite aussi des rivalités, notamment de la part du sophiste Acacios, mais Libanios réussit à s’imposer et sa classe gagne en réputation : elle accueille jusqu’à 80 élèves venus de tout l’Orient. Toute sa vie, il se met au service de ses nombreux élèves, en les formant, en les accompagnant dans leurs diverses carrières et en continuant d’entretenir avec la plupart d’entre eux des relations de service et d’amitié. Mais les deuils marquent aussi son existence : en 358, il perd nombre d’amis, dont le cher Aristénète, dans le séisme de Nicomédie. Peu de temps après, meurt l’oncle Phasganios, qui incarnait l’idéal civique auquel il est si attaché.
Sous les différents empereurs – chrétiens -, il se consacre à ses concitoyens et défend les valeurs auxquelles il croit : la culture et la morale grecques, le culte des dieux. Le règne de Julien (361-363) et son séjour à Antioche (juillet 362-mars 363) ouvrent un temps d’espoir, vite déçu par la mort tragique du héros dont le sophiste entretient ensuite avec ferveur la mémoire. Le règne de Valens (364-378) lui vaut peut-être une « traversée du désert », car il est accusé de pratiques divinatoires et – lien de cause à effet ? - sa correspondance a disparu pour toute cette période. Seule l’Autobiographie est écrite dans ces années-là (374) : encore n’était-elle pas destinée à être diffusée. Sous Théodose (379-395), Libanios connaît un certain retour en grâce, sanctionné par l’octroi d’un titre honorifique. C’est sa période la plus soutenue d’interventions rhétoriques dans le domaine civique. Grâce à son expérience et au prestige de son éloquence, il devient le porte-parole des opprimés, des malheureux, des laissés-pour-compte : à tel point que l’on a pu qualifier Libanios de « premier humaniste ». Mais la fin de sa vie est assombrie de drames personnels : après avoir perdu sa compagne, il a la douleur de voir mourir son fils qu’il espérait faire entrer au Sénat de Constantinople. Il s’éteint sans doute en 393, ayant toute sa vie dédié son talent aux hommes de son temps, au nom des idéaux de l’hellénisme, de la paideia et de la cité.